Quand j’étais au lycée, j’avais une bonne amie, Anaïs, qui était absolument passionnée par l’Égypte, sa culture et ses divinités. Elle était meêm capable de citer par coeur le monologue d’Otis dans Mission Cléopâtre !! Elle me fascinait à toujours nous apprendre des choses en lien avec les dieux et déesses, et je trouvais ça hyper cool ! Bon, j’ai plus de nouvelles d’elle, je sais pas si cette passion est toujours là (même si je lui souhaite de tout mon coeur), mais elle a contribué à ouvrir une porte en moi à ce niveau…

J’ai toujours cru qu’il y avait probablement quelque chose de plus grand que nous, humain.e.s, et c’est tout récemment dans ma pratique, que j’ai cherché à intégrer des divinités, mais clairement sans le moindre succès ! Je me suis posé des tas de questions, qui vont nous servir de fil conducteur pour cet article, et qui m’ont mené aujourd’hui à une réflexion poussée sur mes croyances et pratiques.

Les divinités, réelles ou pas ?

Parce que bon, on va pas se mentir, les divinités c’est un concept hyper nébuleux ! Et si tu me connais un tant soit peu, tu sais que je n’irais pas vers une pratique qui ne me parle pas. En fait, pendant longtemps, sans juger, j’ai eu du mal à comprendre le travail avec les divinités. Je ne voyais pas ce qu’il y avait à travailler avec une image. Parce c’était bien ça que m’évoquaient les dieux et déesses, des images. Comme d’hab, je ne crois que ce que je vois, et ça, j’en avais jamais vu.

Aussi, j’entendais beaucoup autour de moi, et sur Instagram, des personnes dire que des divinités les avaient choisies pour bosser avec elles. Excuse-moi, mais, admettons que les divinités existent, je crois qu’elles n’ont pas vraiment que ça à foutre de t’envoyer un DM pour te demander de bosser avec elles !

Mais en fait, j’avais juste pas la bonne approche…

Quand je dis que je n’avais pas la bonne approche, c’est que dans mon esprit rationnel et cartésien, les divinités étaient potentiellement des personnes qui avaient existé, étaient un peu plus balèzes que la norme et donc ont été exagérément louées pour ça au point de les élever à un rang mystique.

Mais j’avais tout faux.

Les divinités sont des égrégores*, elles existent parce que plusieurs personnes y croient, leur apportent de leur énergie et ont des intentions envers elles. Alors que moi j’imaginais l’inverse, qu’on y croyait parce qu’elles existaient. Mais croire à quelque chose de nébuleux, c’est clairement pas mon fort.

Choisir une/des divinité(s)

Il existe pléthore de panthéons (ensemble de dieux et déesses d’une religion) et donc de divinités. Pour autant, on remarque que de nombreux panthéons se rapprochent et portent les mêmes histoires et traditions avec des noms différents. Je te mets une liste non-exhaustive des panthéons les plus connus :

  • Egyptien : Isis, Osiris, Sekhmet, Bastet, etc…
  • Grec : Zeus, Héra, Poséidon, Athéna…
  • Nordique : Odin, Thor, Freyja, Loki, …
  • Celte : Brigid, la Morrigan, Lugh, Cernunnos…
  • Romain : Jupiter, Junon, Minerve, Neptune,…
  • Slave : Svarog, Dajbog, Ogon, Volos, ….
  • Shintoïste : Kami et Yokai , Izanami et Izanagi…
  • Hindoue : Brahma, Vishnu et Shiva…
  • Catholique : et oui, un panthéon c’est des personnes, pas forcément uniquement des dieux. Du coup dans le catholicisme on voit beaucoup de dévots à Marie par exemple !

Du coup, la difficulté consiste à choisir quel panthéon nous parle le mieux. Si tu n’as pas de tradition spécifique, c’est là le plus compliqué ! On a tous du divin en nous et le fait que l’on se sente plus proche de telle divinité vient du fait que nous nous sentons plus proche des archétypes qu’elle porte. Parce qu’il est bien là tout l’intérêt de bosser avec des divinités, utiliser les archétypes, messages et intentions qu’on lui prête.

Pour le départ, tu peux faire au feeling, ou voir si des histoires ou cultures te parlent, et si tu as des affinités avec.

Le point éthique : Je me suis longtemps posé la question de la légitimité et de l’appropriation culturelle à bosser avec un panthéon dont je ne suis pas directement issue, et crois-moi, c’est tout un art de répondre à ce questionnement. Néanmoins, je crois qu’on peut parler d’appropriation culturelle quand il s’agit de marketer une culture qui n’est pas la notre, de l’utiliser dans une optique malveillante ou ignorante. Et si tu hésites, tu peux toujours discuter avec une personne issue de la culture qui t’intéresse pour avoir son point de vue et en apprendre plus.

Pose-toi donc la question de quel panthéon te parle, quelle(s) divinités correspondent à tes attentes selon tes pratiques, ta situation, etc. Puis, fais des recherches pour apprendre à connaître un panthéon et ses divinités. Il y aura toujours un tas de livres, podcasts, sites web pour trouver des réponses à ces questions. Choisir une ou plusieurs divinités avec lesquelles travailler demande une somme conséquente de travail, alors, pose-toi la question de si tu es prêt.e.s à le faire.

En pratique, ça donne quoi ?

Travailler avec des divinités, c’est leur demander des faveurs. Du coup, c’est un peu comme avec les gens, on ne demande pas une faveur à n’importe qui qu’on vient de croiser dans la rue ! On prend le temps d’apprendre à la connaître, à se faire connaître, etc. Ça demande à mon sens du respect et de l’humilité, les divinités n’étant pas nos outils, des moyens d’arriver a nos fins, des noms a scander pour le prestige. Ce sont plutôt des enseignants, des professeurs, des guides, ou même des protecteurs, au besoin.

A l’inverse, quand des amis t’invitent à manger chez eux, tu les réinvites pour les remercier. Bah avec les divinités, c’est pareil ! Tu vas les remercier pour leur aide, le protection ou quoi que ce soit que tu négocies avec elles. Du coup, cette pratique demande du temps, de l’échange alors pose-toi aussi la question de ce que tu attends des divinités que tu honores et de ce que toi-même tu peux leur apporter ?

D’un point de vue pratico-pratique, tu peux célébrer le début de ta dévotion par un rituel, un pacte, un poème, bref un truc qui marque le coup, histoire de bien ancrer ce partenariat dans ta pratique. Beaucoup conseillent de faire un autel à la divinité où tu peux disposer ce qui te parle, pour ancrer dans le monde physique cette union. Mais tu peux aussi la célébrer physiquement à ta façon : un bijou, une icône dans ton sac, le fond d’écran de ton ordi, un autel en papier dans ton grimoire…

De la même manière j’imagine que ce dont les divinités ont besoin pour exister, c’est un certain don de soi, du respect, et de se relier quotidiennement au divin pour entretenir la flamme. Tu peux, dans cet esprit, envoyer tes prières aux divinités, sous la forme que tu souhaites. On trouve beaucoup de prières sur internet et dans les livres, mais la meilleure prière sera la tienne, celle qui vient du plus profond de ton coeur.

Enfin, je me pose beaucoup la question de faire des offrandes ou pas, parce que c’est souvent ce que l’on voit quand on entend divinités. Pour faire une analogie, si tu penses qu’une personne qui t’as invitée chez elle attend un gâteau, tu vas lui faire un gâteau. Elle va être contente, mais à la base elle attendait rien de spécial. Bah pour les divinités, c’est un peu pareil, tu peux leur faire des offrandes si tu en éprouves le besoin, et sinon, c’est ok aussi.

Si tu décides de faire des offrandes, tu peux faire ce que tu veux, ce qui te parle. Ça peut aller de poser un verre d’eau à ta fenêtre le matin avant de partir, à cuisiner tout un plat et en garder une part pour ta divinité, ou encore lui créer une oeuvre artistique, tresser un bracelet à son effigie que tu vas porter, planter une fleur dans ton jardin, etc…

Le point écologique : On aime pas gâcher la bouffe par ici. Du coup, pour les offrandes de nourriture, il y a plusieurs possibilités pour faire, sans jeter à la poubelle ni laisser moisir sur un autel. Par exemple, tu fais un plat de pâtes, tu peux garder l’eau de cuisson pour offrir aux divinités, c’est une part de la recette qui est vouée à être jetée de toute façon, donc ça peut être un bon moyen de partager. Ou sinon tu peux faire une recette spéciale qui est comestible pour les petits animaux et la déposer en forêt comme offrande, ça ravira toujours tes dieux et déesses de voir que les petites bêtes qui habitent sa terre profitent de ta dévotion.

Et si aucun panthéon ne me parle ?

J’ai carrément vécu ça, et du coup je me suis tournée vers mes ancêtres ! Ce qui est assez drôle c’est qu’en remontant dans ma lignée maternelle (qui me parle beaucoup plus), je suis tombée sur une troupe de tsiganes qui vivaient en Hongrie ! J’me suis dit que j’allais explorer les cultes hongrois et en fait la mythologie magyare, ainsi que la culture et l’art de ce pays, me parlent énormément. Donc, non-seulement j’honore mes ancêtres, mais aussi les divinités qui les ont gouvernées autrefois !

Mais comme pour les divinités, fouiller dans son arbre généalogique demande un job conséquent ! Malgré tout, cette proximité sanguine peut parler beaucoup plus à certaines personnes, et c’est carrément OK ! D’ailleurs, tu n’as même pas à remonter loin pour honorer tes ancêtres, tes grands-parents sont déjà une bonne base de travail ! Et c’est super excitant aussi d’en apprendre plus sur les personnes qui t’ont précédé.e dans la vie je trouve, non ?

*Un égrégore est un concept désignant un esprit de groupe constitué par l’agrégation des intentions, des énergies et des désirs de plusieurs individus unis dans un but bien défini.